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« Le jardinage, c’est une forme de méditation »

Perché à 650m. d’altitude, les jardins de Gilles offrent un magnifique panorama. Il y a là 10 ares de cultures. Une grande surface qui permet à la famille d’être autonome en légumes. Avec deux végétariennes à la maison, mieux vaut assurer ! C’est Viviane qui transforme et cuisine les récoltes déposées par seaux devant la porte d’entrée. Ce jour-là, elle mitonne des lasagnes de légumes…

Gilles est né et a grandi ici, au lieu-dit Hambout. Sa passion du jardinage, elle remonte à l’enfance. « Ma maman avait 4 jardins. Elle adorait ça et il fallait même la freiner. » À l’époque, les enfants devaient aider à la ferme. « Petit à petit j’ai pris goût au jardinage.  » Il y avait aussi des champs de blé, de patates, ainsi que des arbres fruitiers. Beaucoup d’arbres fruitiers. Un patrimoine arboré que Gilles préserve en greffant des variétés locales, un savoir-faire transmis par son père. Pommes, cerises, noix, pêches, abricots, nectarines et coings : un véritable verger d’Eden ! « Cette année nous avons mangé les dernières pommes début mai ».

Dans une grande serre où Gilles commence à semer mi-février s’épanouissent des grappes de tomates, de délicates aubergines et de beaux poivrons. Depuis cette année tous les plants sont paillés, ce qui limite le désherbage et l’arrosage par micro-aspersion. Une roquette délicieuse fleurit et un plant de courgette n’en finit pas de grandir.

Si la terre légère du Hambout est bien adaptée aux légumes-racines (carottes, navets, panais), elle accueille très bien aussi les choux, haricots, salades, courges et courgettes, pois mangetout qui seront soit congelés, lacto-fermentés ou mis en silos. Et surtout, « mangés ultra-frais, car ces légumes n’ont pas le même goût qu’en magasin. » Ce jardin est une mosaïque végétale d’où surgissent çà et là des amaranthes pourpres, si jolies dans les bouquets. Le maïs a fière allure, juste à côté d’une grande planche de phacélie qui bourdonne. S’il n’y avait que les butineurs, tout irait bien… car il y a aussi les limaces, « la seule bête qui me pose problème ». Pour limiter sa voracité, Gilles débute les semis au milieu du jardin. Tout autour du jardin, il a mis en place un cordon fleuri pour les stopper un peu… Contre la serre, un grand semis de moutarde dont elles raffolent les attire. Quant aux rongeurs, ils sont de plus en plus nombreux. Il inonde les galeries, histoire de les freiner un peu… Les chevreuils qui viennent de plus en plus tôt dans l’année ont mangé tous les fraisiers ! Malgré cette concurrence assez rude, Gilles ne conçoit pas de vivre sans jardin. Il y passe « 3 h. par jour en pleine saison », même en privilégiant des cultures pratiques qui ne prennent pas trop de temps, « comme le potimarron qu’on déguste encore en avril ».

« L’état d’esprit dans lequel on fait un jardin compte. Il y a une conscience. » C’est un bel esprit qui souffle dans ce magnifique jardin où il fait bon flâner… merci Gilles pour cette belle découverte.

Préparation de la terre : Gilles utilise une fraiseuse pour ameublir la terre. Il sème des engrais verts comme la moutarde, le trèfle et la phacélie. Le compost et du fumier de cheval mûr sont épandus en automne. La rotation des cultures permet de ne pas épuiser le sol et d’éviter trop de maladies. Aucun traitement ni granulés quelconque, si ce n’est de la bouillie bordelaise sur les tomates et les aubergines.

Autonomie partagée : un morceau de jardin est cultivé par des membres de la famille. Et Viviane et Gilles donnent beaucoup… Je repars moi-même avec tomates, salade, poivron et concombres !

« Jardinier-voyageur » : « C’est parfois dur de partir en vacances quand on a un grand jardin. Quand on est partis en camping-car, on l’avait blindé de légumes. Une chenille cachée dans un chou a voyagé avec nous ».

(photos FJ)