Je monte avec impatience la petite route sinueuse qui mène au hameau de Ribeaugoutte et vais à la rencontre de Jimmy. Il fait beau et chaud. Tout est paisible. Les paysages sont magnifiques.

Jimmy a 29 ans. Depuis 3 ans, il développe une belle activité de maraîchage de montagne. Deux serres et un grand champ lui permettent de cultiver de nombreux et savoureux légumes : carottes, choux, betteraves, oignons, céleris, courgettes, salades, rutabagas, poireaux et autres navets. Un des objectifs de Jimmy est de cultiver le plus longtemps possible dans l’année.

« Je suis né ici, je suis attaché à cet endroit. Ma grand-mère paternelle qui était d’une famille de paysans nous a souvent parlé de sa jeunesse. C’était une vie simple, proche de la terre ».

Derrière la ferme, une grande serre abrite de belles courgettes, des choux fleurs et des semis tous récents pour les cultures automnales. C’est dans cette serre qu’au début du printemps, Jimmy produit sur une couche chaude tous ses replants : tomates, choux, piments, aubergines, salades, etc. Les semences sont biologiques et les variétés choisies en fonction du climat montagnard, donc plutôt rustiques et hâtives. Il suit le calendrier des semis de l’agriculture biodynamique.

« J’ai toujours aimé faire du jardin. Je faisais un potager pour mes parents. J’aime la terre, planter des choses et les voir pousser. Ce qui me porte, c’est l’idée de pouvoir produire ma nourriture ». D’un rêve collectif il y a quelques années, il est passé à une activité individuelle qui le passionne.

Nous allons voir plus haut le champ qui s’étire tout en longueur dans un ancien pré. Plusieurs rangées de légumes plantés en associations forcent l’admiration. Les choux sont particulièrement impressionnants, tout comme les betteraves qui « semées un peu trop tôt, sont un peu grosses pour la saison ». En réalité, elles sont énooooormes !

Les secrets de Jimmy ? Un travail mécanique du sol et beaucoup d’huile de coude, avec aussi l’aide précieuse de Marius le mulet ; l’épandage au printemps d’un fumier bien composté (moutons et chevaux) ; le semis d’engrais vert (moutarde) et l’utilisation de bouse et silice de corne. Des outils originaux lui permettent un travail du sol efficace et non destructeur : véloculteur, sous-soleuse, moto-bineuse (serre), kassine. Ce dernier est un outil multifonctionnel et universel avec lequel il forme de petites buttes pour planter les patates.

Jimmy ne se réclame d’aucune école. Il s’intéresse à la biodynamie et connaît bien le cahier des charges de l’Agriculture biologique. Aucun produit de synthèse n’entre dans son approche et malgré l’altitude, il obtient de très belles cultures.

Un peu plus loin, voilà la serre aux 200 pieds de tomates qui a été érigée il y a quelques mois. Jimmy a produit lui-même tous les replants qui aujourd’hui grimpent à plus de 2 m. Il choisit des variétés plutôt anciennes, hâtives et goûteuses. Dans cette serre, c’est un festival de formes et de couleurs : rouges, rondes, charnues, oranges, ovales, petites, vertes, allongées, énormes et biscornues… Elles s’appellent Rose de Berne, Saint-Pierre, Noire russe, Merveille des marchés, Noire de Crimée… Les 7 rangées de plants de tomates sont bordées d’aubergines, poivrons et piments. Le sol de cette serre est composé d’1/3 de sable, d’1/3 de compost végétal et 1/3 de compost animal. Les grappes de tomates sont impressionnantes !

Un peu plus loin, ça bourdonne autour d’une 10aine de ruches fabriquées par l’apiculteur – maraîcher. Elles sont ici toute l’année et fournissent miels de fleurs, de châtaignier (un délice !) et de sapin.

Et plus haut, il y a les moutons. Sept brebis et un bélier de la race Manech (ou « tête noire ») originaire du Pays Basque. Les agneaux restent deux mois sous la mère et lorsqu’ils n’y sont plus, Jimmy fait du yaourt de brebis (que j’espère pouvoir goûter un jour…).

Retour vers le hameau et sa charmante petite chapelle ornée d’un rosier. Impossible de repartir le panier vide. Je fais mes emplettes au libre-service qui fonctionne sur la CONFIANCE. Des légumes, du miel et les délicieux fromages de chèvre de Lucas, le frère de Jimmy. Ce libre-service de produits frais et ultra locaux est une ancienne buvette. Belle reconversion ! Les clients viennent plutôt de la vallée par le bouche à oreille. Il y a aussi des touristes qui logent dans les gîtes alentours.

Toute cette activité agricole « fait revivre le hameau » et redonne ses lettres de noblesse à l’agriculture vivrière.

« La très petite agriculture a aussi sa place. La chose la plus importante pour moi est de nourrir ma famille et de vendre ma production ».

MERCI Jimmy pour cette très belle matinée ensoleillée passée à tes côtés.