« Peu à peu, le potager a pris le dessus »
Dans le jardin de Dominique situé à Orbey-Pairis, je vais de surprises en découvertes : buttes de cultures, serres, cultures en carrés et en pots, petits fruits, fraisiers en terrasses, belles aromatiques poussant çà et là… C’est un régal pour les yeux !
Exposées au sud, les cultures bénéficient aussi de la fraîcheur de la forêt et de la rivière. Les légumes côtoient les fleurs et à la question : « Est-ce que tu pratiques les cultures associées ? », Dominique répond : « Je plante au feeling… ». Le résultat vaut le coup d’oeil et la diversité est grande : radis noir, rhubarbe, choux, soucis, betterave, pâtissons, bourrache, courgettes, salades, haricots, céleris-branches…
Une butte est dédiée aux courges seules qui sont magnifiques : potirons, butternut et potimarrons. Une petite serre m’intrigue car elle est entourée de topinambours qu’il faut écarter pour y pénétrer. À l’intérieur, des grappes de belles tomates précoces mûrissent tranquillement. « Les tomates on ne s’en lasse pas. On en mange tous les jours et je confectionne plusieurs dizaines de bocaux. » Avant de poser la structure de la serre, Dominique et son complice au jardin ont creusé là un gros trou qu’ils ont rempli de fumier et recouvert de terre. Les jeunes replants de tomates que la jardinière bichonne pendant quelques mois seront plantés couchés et recouverts de terre. Est-ce le secret pour récolter une tomate ananas de 650 gr. ?
Dans l’autre serre où la terre est surélevée, je découvre de belles aubergines plantées en pot (« elles réussissent mieux »), des poivrons, des tomates et des salades qui se resèmeront au printemps. Le plastique est enlevé en hiver pour que la terre s’imprègne bien d’eau.
Ailleurs c’est une magnifique ciboulette, de superbes sauges, un généreux pêcher, des asperges vertes ou encore un chou Kale dont on ne récolte que les feuilles.
À bien des égards, ce potager démarré il y a 13 ans adopte une vision permaculturelle : diversité et rusticité des végétaux, recyclage sur place de tous les déchets, arrosage réduit, objectif affiché d’autonomie alimentaire. Si cette autonomie en légumes est aujourd’hui de 5 mois, l’idée est de la prolonger en cultivant en hiver poireau, oignon, salade et carotte sous châssis et dans une serre accolée à un bâtiment. « Car nous sommes des gros consommateurs de légumes et j’aime cuisiner ! »
C’est un vrai plaisir de parcourir tous ces espaces cultivés et riches en butineurs. Bien qu’en fin de saison, les buttes de cultures offrent une belle mosaïque végétale. Merci Dominique pour cette visite et fais-moi signe lorsque tu récolteras les premiers kiwaïs * !
Une histoire de famille :
« Je suis née ici. Petite, j’étais déjà au jardin. Mon père était paysan-hôtelier. Il avait une vache, des poules, un cochon et… un grand potager. Nous avons aussi eu des chevaux et des moutons. On s’occupait des bêtes et aussi des clients ! L’hôtel qui avait 21 chambres était ouvert de Pâques jusqu’à fin septembre. S’il fallait ramasser le foin en cas d’orage, on lâchait les clients ! »
L’autre Dominique :
Il est le mari super bricoleur, ingénieux et avec un intérêt fort pour l’autonomie alimentaire et énergétique. En témoigne le magnifique bâtiment basse consommation qui occupe une partie du terrain. « Il sait organiser et trouver les solutions. Il assure les gros travaux et les aménagements ». Une aide fort précieuse pour une jardinière !
Les buttes de cultures :
Elles ont été aménagées car le sol est très caillouteux. Elles sont remplies de matériaux divers : branches, planches pourries, compost, fumier de cheval, herbes des parcs à escargots, terre. Elles sont régulièrement « nourries » de végétaux divers : feuilles mortes, déchets de récolte, épluchures et herbes indésirables. Le sol est ainsi toujours couvert, ce qui assure la fertilité de la butte. Sur la nécessité des buttes ou pas ? « À chacun de voir quel terrain il a ! »
Une jardinière astucieuse :
Pour éviter la voracité des limaces, les jeunes plants sont protégés par un seau sans fond ; les petites salades sont mises à l’abri dans des bouteilles coupées en deux ; peu de semis, beaucoup de repiquages (à cause des limaces, encore et toujours !) ; un arrosage très réduit grâce à la couverture permanente du sol ; des semis de courgettes étalés dans le temps pour une récolte prolongée ; des coquilles d’escargots écrasées pour drainer le fond des pots et jardinières.
Récolte de paroles :
« Mon premier réflexe en arrivant ici, ça a été le jardin de fleurs vivaces. Je me sentais bien dans le jardin. »
« L’écologie, la biodiversité… ce sont nos enfants qui ont commencé à en parler. C’est venu naturellement. »
« Je me sens bien dans les choses simples. Dans le jardin il n’y a pas de contrainte de temps ou sociale. »
« Nous aimerions ralentir à tous les niveaux. »
* plante grimpante vigoureuse qui produit des fruits ressemblant à des petits kiwis. Elle résiste très bien aux fortes gelées.
(Photos FJ, 2015)