Botaniste et "amoureux de la vie"
De formation agricole, André Frommelt a tour à tour été jardinier, éleveur, maraîcher, enseignant, bûcheron et éducateur. Passionné de botanique dès son plus jeune âge, il est membre actif du Muséum d'histoire naturelle de Colmar depuis 50 ans. Il fait également partie de la Société de botanique et du GEPMA (Groupe d'Étude et de Protection des Mammifères d'Alsace). Il nous livre son regard sur la biodiversité dans la vallée.
Sans agriculture, la forêt serait partout
L'homme peut apporter de la biodiversité tout en élevant des animaux, s'il sait préserver ou créer de petites unités paysagères et naturelles : arbres et arbustes, cours d'eau et berges, mares et étangs, haies, murets de pierres sèches, fruitiers, talus et bords de chemins, etc.
La flore des prairies est précieuse pour la vie sauvage, notamment pour les insectes dont le déclin est dramatique. Plus la flore est diversifiée, plus l'alimentation des animaux est équilibrée. Certaines plantes sont aussi médicinales et favorisent la bonne santé des bêtes... et des hommes. On peut compter jusqu'à 120 espèces végétales dans une prairie si les conditions sont réunies : + ou - d'eau, sol profond ou superficiel, etc. Une pâture "pauvre" a une flore plus diversifiée qu'une pâture très amendée où seules quelques plantes pousseront : pissenlit, bouton d'or, quelques graminées...
Le fourrage sec est préférable aux produits fermentés (enrubannés, ensilage). Certaines AOP comme celle du Comté l'ont rendu obligatoire, ce qui est le gage d'un fourrage de qualité. Le purin est acceptable s'il est bien fermenté, épandu au bon moment et à faible dose.
La plus grande menace actuelle pour la biodiversité est l'utilisation de produits qui détruisent la faune et la flore sauvages : pesticides, biocides, anti-parasitaires et autres vermifuges... la terre ne peut pas tout absorber!
Malgré la progression de l'enherbement dans le vignoble, de pratiques respectueuses de l'environnement et de la santé humaine, bien trop de pesticides sont encore épandus. Où sont les insectes et les oiseaux ? Où sont les arbres fruitiers et les bosquets d'arbustes qui leur apportent gîte et couvert ? Pourquoi tant de déchets micro-plastique dans certains rangs de vignes ?
Quel regard porte-t-on sur les choses ?
Certaines plantes ont mauvaise réputation, alors qu'elles apportent beaucoup pour la biodiversité. Le prunellier, l’églantier et l'aubépine fleurissent abondamment au printemps, favorisant ainsi les pollinisateurs. Leurs fruits régaleront les oiseaux et petits mammifères en automne. La ronce fait de même et protège les arbres de l'écorçage. Que dire du lierre qui fleurit en automne et dont les fruits nourrissent de nombreux oiseaux en hiver ? Toute cette faune participe à la lutte biologique pour de nombreuses cultures.